Raga

J.-M.G. Le Clezio

 

Prélude : Raga (pp. 9-14)


La découverte du continent invisible : (pp. 9-14)

« La diffusion de la culture polynésienne dans le Pacifique fut réussie grâce à une série d’inventions géniales, qui ont encore cours aujourd’hui : la pirogue à balancier, le ruerue, la double pirogue […] les voiles en fibres de pandanus sur vergue mobile ». (p. 13)

« La réalité, c’est qu’il n’était pas nécessaire de faire appel à la dérive hasardeuse de radeaux de joncs au gré des vents et des courants pour expliquer [l’audace des peuples qui se sont aventuré sur l’immensité du Pacifique]. » (p. 14)

Chapitre 1 : Le « voyage sans retour » (pp. 15-26)


L’arrivée des premiers habitants de Raga : (pp. 15-26)

Commentaire :

Dans cette scène d’ouverture, Le Clézio met en évidence le rôle essentiel qu’ont joué les végétaux endémiques des îles du Pacifique dans les voyages océaniques qui ont permis de peupler l’archipel du Vanuatu. Le bois du banian et celui de l’arbre à pain servent à la construction de pirogues, les fibres de pandanus permettent la confection de voiles, tandis que le cocotier, le bambou et les cannes de roseau stabilisent le radeau et protègent les passagers de l’humidité. Ce sont ainsi les végétaux des îles du Pacifique qui permettent en grande partie la circulation des peuples. Ce passage illustre par ailleurs comment ces mouvements migratoires ont donné lieu à l’implantation des espèces alimentaires à la base du régime de tout l’archipel, soit le taro et l’igname, que l’on retrouve aujourd’hui dans tout le Pacifique. Le passage final permet également de souligner la fonction de monnaie d’échange qu’accomplissent les nattes de pandanus tissées par les femmes des îles du Pacifique, alors qu’elles sont données en cadeau par les nouveaux arrivants avant de prendre possession de la terre. Comme il l’est d’ailleurs partiellement esquissé vers la fin du chapitre, il ne s’agit pas d’une prise de possession au sens propre aux yeux des premiers habitants de Raga, mais plutôt d’un accord spirituel passé avec leurs ancêtres.

« La pirogue est un très long tronc d’arbre à pain évidé à l’herminette (l’adzedes archéologues, une pierre polie insérée dans un manche en “bois de fer” ». (p. 15)

« […] flotteur en bois de cocotier ». (p. 15)

« […] trois longues branches de banian ». (p. 15)

« […] planches en bambou ». (p. 15)

« […] un mât en bois de banian ». (p. 15)

« […] voile en fibre de pandanus ». (p. 15)

« […] verge en bambou ». (p. 15)

« […] les petites cannes de roseau qui protègent les passagers de l’humidité ». (p. 16)

« la vielle Mantawa leur a donné à manger, de la pâte d’igname dans une écuelle ». (p. 17)

« il voit la racine du taro rouge, trois étoiles serrées autour d’Ana-mua, la géante du devant, et, plongeant parfois dans la mer […] ». (p. 21-22)

« Elle pense aux champs qu’elle ensemencera, au taro et à l’igname qu’elle enfouira dans la terre, et qui se multiplieront pour lui donner à manger. » (p. 23)

« Ce soir même ils toucheront la première terre, ils offriront aux émissaires de Mata les cadeaux qu’ils apportent […] les nattes tissées par les femmes […] ils prendront possession des champs en défrichant la forêt, ils prieront les esprits du lieu de les accepter sur leurs terres […], ils construiront la première maison avec branches et des palmes ». (p. 25-26)

« Raga sera pareille à un long corps noir couché sur la mer. Raga la silencieuse aux pentes couvertes de fougères et d’arbres, Raga la muraille de lave aux sommets cachés par les nuages. ». (p. 26)

« L’endroit où ils s’arrêteront porte déjà un nom, laissé par les légendes. Un nom qui bruisse et qui résonne comme le vent, comme la voix des feuilles et le murmure de l’eau froide de la rivière qui coule à leurs pieds. / Ce nom est Melsissi ». (p. 26)

Chapitre 2 : Melsissi (pp. 27-45)


Le paysage de Melsissi : (pp. 27-28)

« Dans la montagne, la végétation est inextricable. Le long de la bande côtière, des plantations de cocotiers à moitié abandonnées, envahies par l’herbe, alternent avec les prairies où errent des vaches indiennes. » (p. 27-28)

« Le tissage de paniers et le tissage de nattes en fibres de pandanus teintées ». (p. 28)

« [Charlotte Wèi] a organisé une association de femmes afin de maintenir l’un des héritages culturels du Vanuatu, le tressage de paniers et le tissage de nattes en fibres de pandanus teintées. » (p. 28.)

Le couvent de Melsissi : (pp. 29-30)

« Il y a des danses traditionnelles sur la place devant l’église, comme devant le nakamal, avec des tambours en racines de fougères ». (p. 30)

« Il y a peu de temps, un séminariste est venu d’Éfaté. Il a vingt ans, il joue de la guitare, il boit le kava tous les soirs avec les hommes du village sous le grand manguier. Il est drôle, sarcastique, totalement soupçonneux à mon égard. » (p. 30)

Ascension de Melsissi à Ilamre : (pp. 30-36)

« Charlotte parle d’une moto trial qui faisait naguère le voyage entre Melsissi et Vanmelang. La piste a été cimentée autrefois, mais les tremblements de terre ont tout détruit, les pluies torrentielles ont tout raviné. Les seuls visiteurs vont à pied. L’herbe, les lianes et les broussailles ont recouvert la piste. » (p. 31)

« La différence entre Raga et Maurice, c’est qu’ici le temps  semble s’être arrêté au premier chapitre de l’occupation humaine. Il n’y a pas de grandes cultures comme à Maurice, champs de canne, de thé, de gingembre […] aucune trace du monde moderne. » (p. 31-32)

« Les habitants de ces lieux se sont détournés du progrès et de la vie moderne, ils se sont retournés vers ce qui les avait toujours soutenus, la connaissance des plantes, les traditions, les contes, les rêves, l’imaginaire – ce que les anthropologues ont schématisé sous le nom de kastom, la tradition. » (p. 32)

Le plateau d’Ilamre, le « village en l’air » : (pp. 36-38)

Commentaire :

On retrouve dans la description du village traditionnel des habitants de Raga une réflexion sur la notion d’habitation. Le Clézio insiste en effet sur l’inadaptation des constructions à l’européenne par rapport aux maisons traditionnelles du Vanuatu, lesquelles sont construites à partir de végétaux endémiques que l’on retrouve partout sur l’île. La ressemblance évoquée entre la maison traditionnelle et « la pirogue du voyage sans retour » exprime également une tension entre le déplacement et l’enracinement, entre nomadisme et sédentarité, qui est à l’origine du peuplement du continent océanien, mais qui est mis en crise dès l’arrivée des premiers colons.

« À sept cent mètres, la falaise s’incurve en un plateau vallonné, couvert d’arbres où s’ouvrent de vastes clairières. Ce n’est plus le mur de roches noires, ni les torrents obstrués par les lianes et les fougères arborescentes. Ici, la terre est rouge, argileuse, les grands arbres poussent librement, fromagersarbres à painpalmier de l’espèce cycas. » (p. 36)

« Un village sans rues, les maisons en bambou et toit de feuilles semées sans ordre sur ce tapis de verdure. Au centre, l’air de danse en terre battue, et le kamal (la salle commune […]) construit selon le plan rituel de toute la Mélanésie, une longue maison aux murs de bambous recouverte d’un toit de chaume qui imite la forme d’un bateau renversé  – la grande pirogue du voyage sans retour ». (p. 36-37)

« Le dernier [tremblement de terre], il y a une dizaine d’années, a ravagé le village et fait s’écrouler les rares édifices en béton armé construits après l’indépendance : la maison du chef Boulékone, la chapelle, la maison collective qui devait remplacer l’ancien Kamal. Depuis, rien n’a été reconstruit. La preuve de la supériorité de l’habitat traditionnel en bois et en feuille a été donnée pour longtemps ! » (p. 38)

« C’est ici, à Ilamre, dans ce lieu modeste et paisible, que sont fabriquées les plus belles nattes du Vunuatu. (p. 38)

La fabrication des nattes (pp. 38-43)

Les nattes sont de trois sortes, tressées selon la même méthode depuis les temps les plus anciens : tsip, la natte étroite et longue qui sert de jupe aux femmes ; butsuban, la natte pour dormir ; sese, la grande natte, qui n’est utilisée que pour les mariages et les grandes cérémonies. L’art de tresser les nattes est lié à la culture de Raga, il est son identité, sa fierté et sa monnaie d’échange. Cet art est exclusivement réservé aux femmes. » (p. 38)

« D’abord, elles doivent cueillir les feuilles de wip (le pandanus, cette palmequ’on appelle à Maurice vacoa). Après séchage, les feuilles sont passées à la flamme pour les assouplir, puis les femmes en extraient les fibres avec un couteau de bambou. Ensuite, elles emportent les brassées de fibres jusqu’à la mer pur les laver […] Quand les fibres ont été ainsi préparées, elles sont réparties entre toutes les femmes du village qui les emportent chez elles pour les tresser. » (p. 40-41)

« Charlotte a contribué à la reconnaissance marchande de la valeur de la natte. Elle est surtout parvenue à une reconnaissance de leur statut dans la société traditionnellement machiste du Vanuatu. […] la natte est devenue pour elles un moyen d’accès au pouvoir ». (p. 41)

  1. p. 41 : Les nattes ainsi tressées sont d’un blanc éclatant, suit l’opération de la teinture. Elle n’est pas moins complexe. Les dessins sont empruntés à un répertoire qui exprime l’origine même de la culture de Raga. Certains dessins sont simples […]. D’autres sont plus compliqués, et forment de véritables tableaux symboliques. Ugan rava, la fleur d’hibiscuskain bu, la forêt de bambous […] ».

« Pour certains de ces dessins, d’essence ésotérique, la tisserande fait appel à un voyant, un homme ou une femme qui a été initiée grâce à une plante magique (probablement le datura). […] Dans une feuille souple prélevée sur le tronc du bananier il découpe à la lame de bambou le tracé du dessin. La teinture rouge provient d’une liane appelée laba (il en sera question plus loin dans une légende) que les femmes vont chercher dans la forêt, près du bord de la mer. La liane est écrasée jusqu’à former une pâte. Pendant ce temps, on fait bouillir de l’eau dans une sorte de long cylindre fabriqué autrefois avec l’écorce d’un arbre très dur appelé kamptzi. L’arbre aujourd’hui se fait rare. Il a été remplacé par un morceau de tôle […]. Sur un long bamboo, la tisserande enroule la natte enveloppée dans son stencil en feuille de bananier. » (p. 42)

Une histoire d’amour impossible à propos des nattes : (pp. 43-44)

« Laba rendit l’âme dans les bras de celle qu’il aimait et, avant de mourir, lui confia un secret. “ Quand je serai mort”, dit-il dans son dernier souffle, “ Une liane poussera sur ma tombe, et avec elle tu teindras les nattes afin que mon souvenir reste toujours présent  ”. Depuis ce jour, les femmes de Raga impriment sur leurs nattes blanches leurs dessins faits avec le sang de la liane laba, et elles les mettent à sécher sur les plages, là où autrefois Mantawip rencontrait l’homme qu’elle aimait. » (p. 44)

Chapitre 3 : « Blackbirds » : (pp. 46-61)


Commentaire :

Ce chapitre rend compte de l’impact sur les peuples du Vanuatu, ainsi que du reste du Pacifique, du développement de la culture du coton et de la canne à sucre dans la zone tropicale du continent australien. C’est en raison de la défaite des états esclavagistes du sud des États-Unis lors de la Guerre de Sécession que les blackbirders ont entrepris d’enlever des habitants des îles du Pacific et de les réduire en esclavage au Queensland, aux Fidji et en Nouvelle-Calédonie. L’ensemble donne à réfléchir quant à l’influence de la circulation des plantes au niveau international et dans un contexte colonial. L’introduction d’espèces étrangères telles que le cacao ou le café, et de techniques de production agricole symbolisent le bouleversement occasionné par la rencontre entre deux rapports tout à fait distincts à la terre, à la propriété, ainsi qu’au végétal.

L’hostilité des rivages et le blackbirding: (pp. 45-54)

« Le résultat est qu’à mesure que, la voie ouverte, les bateaux français, anglais, espagnols commencent à arriver dans le Pacifique Sud, les habitants des îles quittent les rivages et se réfugient vers l’intérieur des terres. Ceux qui persistent à rester sur leurs rivages doivent abandonner leurs villages et leurs récoltes dès qu’un voile est signalé à l’horizon. Bougainville, Cook sont étonné d’entrer dans des villages où les repas sont encore chauds, et les foyers encore allumés. » (p. 46)

« Le premier blackbirder officiel fut l’Australien Benjamin Boyd en 1847 […]. La conjoncture était favorable. Ayant épuisé les forêts de bois de santal et la pêche des holothuries et des tortues marines, entrepreneurs et armateurs trouvèrent de nouveaux débouchés dans l’achat et la revente d’êtres humains. » (p. 49)

« Paradoxalement, ce furent la campagne abolitionniste aux États-Unis et la guerre civile qui déclencha le trafique humain dans le Pacifique. Le prix du coton ayant décuplé par suite de l’effondrement des plantations dans les états esclavagistes du Sud des États-Unis, les Australiens en profitèrent pour développer la culture de cette fibre dans les zones tropicales de leur continent, dans le Queensland, autour de Brisbane. » (p. 49)

« Les habitants des Nouvelles-Hébrides, des Salomon ou des Gilbert étaient attirés sur les navires par des distributions de cadeaux, et kidnappés pour être revendus sur les plantations de coton ou de canne à sucre, au Queensland, aux Fidji ou dans les mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie. » (p. 50)

Le paysage de la baie Homo à Pangi : (pp. 54-56)

« Et lorsqu’on lit les récits de voyage des ethnographes de la première moitié du XXe siècle, c’est cela qui frappe : l’enfermement des survivants, l’hostilité vis-à-vis des tentatives de colonisation et de l’introduction des techniques nouvelles ; culture du cacao ou du café, usines à coprah, ou simplement routes et plans cadastraux. » (p. 54)

« Je marche sur la plage de galets (débris coralliens et de lave mêlés) le long de la ligne sombre des arbres, veloutiers et badamiers comme à Maurice, et derrière eux les gigantesques banians. » (p. 55)

La visite de Sa Majesté à Pangi : (pp. 57-61)

« Un jour, les gens du village ont vu à l’horizon une grande voile […]. Alors ils se sont sauvé vers la montagne et ils se sont cachés dans la forêt, en attendant que le bateau reparte. Mais sur la plage, devant le village, ils avaient oublié un enfant, une petite fille de onze ans qui s’appelait Véveo, comme la palme avec laquelle les femmes tissent leurs nattes. » (p. 58)

« Quand ils ont abordé, les hommes ont fait comme à leur habitude, ils ont emporté les cochons et les poules, et les racines de taro et les ignames […] La petite fille Véveo est devenue leur prisonnière […] et ses parents ne l’ont plus jamais revue. » (p. 58)

Chapitre 4 : Taros, ignames, kavas (pp. 63-77)


Le premier village de Raga : (pp. 63-66)

« Tarosignameskava / À Raga, il y a la magie des plantes. Raga, comme beaucoup d’îles volcaniques, Tahiti, Martinik, Maurice, la Réunion, est avant tout le pays des plantes. » (p. 63)

« Les banians sont la demeure de démons ». (p. 64)

« À l’aube, les hommes sont partis à la recherche de leurs champs. […] Avant de défricher, Tanitan doit prier les esprits des ancêtres, afin qu’ils accordent aux vivants le droit de s’installer, de creuser la terre, de planter les semences. Les esprits sont partout […] ils habitent aussi dans les troncs d’arbres, dans les feuilles des plantes, dans l’eau de la rivière. » (p. 64)

« Ils ont déraciné les arbres, terrassé, épierré, tracé les drains, allumé les feux qui achèvent de nettoyer le sol. Ensuite ils ont enterré les pierres magiques […] les pierres à ignames, les pierres rouges pour les taros, les graines de calebasse, de chou, de giraumon. Sur la hauteur, dans une clairière, ils ont établit le premier arbre à pain. Dans un verger, ils ont planté le jacquierl’anone, le jamlonguel’oranger. Ils ont semé les graines de litchi, les ambrevades, le piment. » (p. 65)

« Sur un plateau d’où on voit la mer, ils ont construit leurs maisons. Ce sont des huttes de branches avec des toits de feuilles. » (p. 65)

« Cette terre leur a été donnée par l’esprit des morts pour qu’ils continuent leur histoire. » (p. 66)

La légende des hommes-pierres qui mangeaient de la racine crue (pp. 66-68)

« Les hommes pierres se nourrissaient seulement de racines crues et froides comme eux. » (p. 66)

« [Penoa] partit dans la mer, et avant de partir promit de revenir avec la nourriture que mangent les vrais humains […]. Elle tint promesse en apportant toutes ces nourritures, l’igname, la racine de taro, les bananes et même du gibier, qu’elle fit cuire sous la terre après avoir allumé le feu. » (p. 68)

Le paysage agricole de Raga depuis la côte vers l’intérieur des terres : (pp. 68-72)

Commentaire :

On retrouve dans ces extraits une opposition marquée entre deux rapports distincts au végétal. Le champ est d’une part placé du côté d’un rapport d’exploitation de la terre et, par extension, des habitants de Raga. D’autres parts, le jardin à la polynésienne, qui est le résultat d’une relation d’égalité et de respect, exprime un rapport de codépendance entre l’homme et son environnement. L’homme est l’igname, la femme est le taro. Les plantes sont des êtres vivants, des dons de l’esprit des ancêtres.

« Aujourd’hui, Raga est un jardin. […] On n’y voit pas de champs, et les plantations de cocotiers qui subsistent le long de la côte sont les reliquats de la colonisation. Elles sont envahies de mauvaises herbes, la plupart à l’abandon. Elles portent encore le nom de propriétaires terriens venu d’Europe ou d’Australie […] Les habitants de la Pentecôte, après le départ des colons, sont retournés à leur système traditionnel, dans lequel la terre n’est pas une propriété, mais plutôt un accord mystique passé entre les habitants du lieu et les esprits des ancêtres. » (p. 68)

« Le chef Willie me raconte comment, au moment où ils ont compris que leur départ était imminent, certains colons ont obligé les gens de Pangi à semer des ronces et des mauvaises herbes dans les plantations afin de les rendre inutilisables. » (p. 69)

«  Ce qui reste, dispersé, désordonné, donne l’impression d’une nature retournée à l’état sauvage, pourtant, quand on marche vers l’intérieur, quand on gravit la montagne ou qu’on suit les cours d’eau au fond des ravines, c’est la présence de plantes nourricières qui vous frappe. La forêt est sillonnée de chemins étroits, à peine visibles, et au bout de chacun de ces chemins, il y a un jardin caché. Ils sont secrets comme les villages, dissimulés de la côte dans les replis de la montagne. Ce sont les jardins de taros, pour lesquels, depuis des millénaires les Mélanésiens ont développé les techniques hydroliques, goulets, réservoirs, canaux. Les jardins d’igname sur les pans de terre rouge. Les jardins de palmes, qui fournissent l’huile et le sagou. Les jardins de manioc. Les vergers plantés de manguiers, de goyaviers, d’orangers. Partout, à chaque instant, on découvre sous la futaie, ou dans les fourrés, des bouquets de fleurs, des plantes à parfum, des réserves médicinales. » (p. 69)

« Ce sont des jardins, non pas à la française ni à l’anglaise, mais sinueux, mélangés, semés selon un plan qui doit ressembler à la magie plutôt qu’à un ordre logique. Comme si les mains qui les ont semés avaient suivi le parcours de forces souterraines, de courants spirituels, lieux de naissance, sources, poches minérales, tombes, dont le secret ne peut exister que dans la mémoire des hommes et des femmes de ce lieu. » (p. 69-70)

« Il parle de cette liane non comme d’une feuille ou d’une médecine, mais comme un don que l’esprit de ses ancêtres lui avait laissé dans la forêt. » (p. 70)

« Voilà pour l’agriculture à Raga. Cela a-t-il quelque chose à voir avec le fait de planter des cocotiers en lignes régulières et d’échanger leurs fruits contre de l’argent ? J’imagine la stupeur des habitants de ces îles quand ils ont constaté l’impudence méthodique de ceux qui venaient s’approprier leurs terres. » (p. 70)

« Pour les Mélanésiens, les plantes sont des êtres vivants. Elles ont été pareilles aux humains à un moment de leur existence. Elles n’existe pas seulement pour nourrir les hommes ou les soigner, elles forment une partie de l’ensemble vivant. C’est pourquoi elles poussent en liberté, mêlées aux herbes et aux broussailles. » (p. 70)

« Pour les gens d’ici, le taro est femme. L’igname est mâle (bien que le mot soit au féminin dans les dictionnaires de langue française). Sous la terre, le corps allongé de l’igname, teinté de rouge, est un pénis décalotté. » (p. 71)

« Dans les hauts du pays Apma, du côté d’Ilamre, j’ai écarté les buissons pour voir apparaître, pareilles à un troupeau paissant dans une clairière, les larges feuilles du taro. Impression de douceur, de paix, de civilisation. » (p. 71)

« Pour les ignames, les hommes du peuple Sa ont inventé le Gol, un étrange rituel qui fait parler d’eux dans le monde entier. Une fois l’an, après la récolte, avant l’ensemencement des champs, les hommes du village construisent une tour en branchages autour d’un grand arbre et affirment leur virilité en plongeant, la tête première, les bras ouverts en ailes d’oiseau, les chevilles liées par deux lianes souples attachées au sommet de la tour qui arrêtent leur chute au moment où ils vont touché le sol. La terre ainsi labourée par la poitrine des hommes donnera naissance à de nouvelles racines. » (p. 72)

Circulation et origine du kava : (pp. 73-76)

« La plante qui a échappé à l’emprise coloniale dans les îles […] c’est le kava(de son nom scientifique, Piper methysticum). C’est la plante liée au peuple mélanésien, à son histoire, à ses rêves. C’est la plante qui donne la paix. » On l’utilise dans la fabrication d’un breuvage consommé « en Océanie, mais aussi en Australie, aux États-Unis et même en Allemagne. » (p. 73)

« Le kava est un breuvage pour la nuit. Il engourdit les muqueuses et ralentit le corps, mais pas l’esprit. Il instille la philosophie. […] Le Kava est pourtant lié à des instants cruels de l’histoire de la conquête du Pacifique. Il a sans doute été utilisé pour éteindre toute velléité de résistance chez ceux que les blackbirders avaient kidnappés et mis au travail forcé sur les plantations. » (p. 74)

« Comme la coca pour les Indiens des Andes, c’est la plante qui contient l’esprit du lieu, c’est leur langue, leur mémoire commune. » (p. 74)

« L’origine du Kava est un mystère. La racine est récoltée dans tout le Pacifique, de la Polynésie aux îles de la Sonde, et de la poussière micronésienne jusqu’à la Nouvelle-Zélande. […] Vincent Lebot (Kava, the Pacific Drug) y voit une plante endémique des Nouvelles-Hébrides, et plus précisément de Pentecôte. Il ne doit pas se tromper, puisque, aujourd’hui encore, tous les Mélanésiens s’accordent pour dire que c’est la plante de Raga qui est la meilleure. » (p. 75)

« La légende attribue sa découverte à une femme. À Tonga, on raconte que le premier plant de kava poussa sur le crâne d’une fille morte de la lèpre, et qu’une femme s’aperçut qu’une souris venait chaque soir ronger la racine de la plante. À Raga, la légende est plus étonnante. » Le premier plan de kava serait né d’une pierre brûlante utilisée par un jeune homme pour tuer l’ogresse dont il s’était retrouvé captif. (p. 75-76)

Chapitre 5 : Dieu, dieux, ombres (pp. 77-94)


Promenade à Ilmare avec Charlotte Wèi : (pp. 78-92)

« “Regarde”, dit-elle. “Ici, c’est la première église qu’on a construite à Raga.” Ce qu’elle me montre, c’est un grand tronc d’arbre renversé sur la plage, noirci sur le rivage, devenu quasi pierre. » (p. 78)

« Au commencement, seule existait la terre avec sa végétation. Il n’y avait qu’un seul cocotier dans un lieu nommé Rebrion. C’est arbre est mort aujourd’hui. Cecocotier fleurit et donna naissance à un énorme fruit qui contenait l’esprit de Barkulkul. Puis le fruit éclata et donna naissance à six hommes. Le premier fut Barkulkul. Ces hommes tombèrent sur la terre sur un lit de palme. Une grande noix de coco leur donna son lait, et ce fut leur premier lait. » (p. 83) (Voir les autres versions de la genèse pp. 82-86)

Chapitre 6 : L’art de la résistance (pp. 95-103)


La circulation et la muséification de l’art du Vanuatu : (pp. 96-98)

« Sculptés dans le bois noir de la racine de fougère arborescente, debout sur le rivage, ou assemblés en demi-cercle dans une clairière, non loin des villages. / Des Loas, des esprits. […] Leur corps sont fendus de haut en bas, par une longue blessure qui montre l’intérieur rouge du tronc, pour laisser échapper leur voix. » (p. 96)

« Ambae, Ambrym, Épi, Éfaté, Raga, Tanna, Tongoa, Anatom. / Voix qui recousaient la déchirure du temps et reliaient ces îles aux terres lointaines, à l’Australie, aux Célèbres, aux Moluques, à la Malaisie, à Madagascar, à Andaman, à Taïwan, à Amami Oshima […] En exil dans les musées, quai Branly à Paris, au British Museum à Londres, au musée Léopold-II à Bruxelles, à Rome, à Madrid, à Berlin, à Washington, dans tous les bouts du monde. / Ils ne parleront plus. Leur bois noir, au ventre couleur de feu, se consume lentement dans quelque jardin poussiéreux, à Port-Vila, à côté d’une pirogue de haute mer et de masques en fibres. » (p. 97-98)

La délimitation des frontières de Raga : (pp. 98-103)

« Le peuple Apma a tracé ses frontières avec les gens de Raga, au nord, et avec ceux du pays Sa, au sud. Ils ont simplement déposé des brassées de palmes de cycas sur les chemins, pour montrer leur droit. » (p. 99)

« Un jour qu’il va chercher les racines du kava dans la forêt, [Tabsium] aperçoit sur le chemin, de l’autre côté de la barrière des cycas, une jeune fille arrêtée. […] Elle est de l’autre côté du chemin, dans le pays étranger. […] Il lui demande son nom dans sa langue, mais elle ne comprend pas, elle est du pays du Nord. […] Les semaines et les mois passe, et Tabsium ne peu oublier Lelé. […] À la fin, il n’y tient plus. […] Il traverse la frontière, et il marche vers le nord, à travers les collines et les ravins. » (p. 103)

La mémoire de Raga (pp. 104-113)

« Les île du Sud ont été non seulement le fourre-tout des rêves, mais le rendez-vous des prédateurs. Là où il existait, on coupait le bois santal. » (p. 106)

Divisé, morecelé, réparti entre les grandes puissances coloniales, le continent Pacifique devenait invisible. Un non-lieu, peuplé de sauvages naguère cannibales. Ou, ce qui revient au même, un Éden où tout était en abondance, les fleurs, les fruits, les femmes. » (p. 107)

Le paysage de Pangi : (pp. 113-114)

« La rivière Palimsi coule paisiblement au milieu des plantations de cocotierset des champs d’ignames. À l’embouchure […] se trouve Pangi, le plus gros village du sud-ouest de la Pentecôte. Du fait du mouillage de la baie Homo, et de la popularité du saut du Gol, c’est aussi la région la plus développée pour le tourisme » (p. 112)

« Pour décorer, on a planté de longues tiges fleuries, des cannas rouge vif, de grandes palmes. » (p. 114)

Chapitre 8 : Îles (pp. 117-121)


Poème : (p. 117) 

« Îles / Corps enfouis / Enfuis / En bois noirbois de nattepalmesmultipliants/ Feuilles et fruits offerts / Mais soudain refermés / Dans leur éternelle souffrance/ Que me donne l’île quand je m’en vais ? / Que suis-je venu y chercher ? » (p. 117)

Voyage rêvé : (p. 119)

« Je me souviens maintenant de ce rêve récurrent de mon enfance : au terme d’un long voyage en bateau, j’entre dans une baie baignée de lumière, où s’ouvre l’estuaire d’une rivière bordée de mangroves, et sur la rive m’attend un peuple sombre, des filles au corps brillants, des enfants souriants […] ». (p. 119)

Le meilleur et le pire des études sur le Pacifique : (pp. 119-122)

« Le meilleur évidemment, ce sont les recherches anthropologiques qui ont ouvert les yeux de l’Occident sur la richesse et la complexité des peuples de l’Océanie, sur leur science de la navigation et de l’agriculture hydraulique. » (p. 119)

La violence de la langue créole : (pp. 124-128)

« Ils sont marqués par le combat pour la survie, par la volonté de leurs locuteurs de surmonter le système de déshumanisation mis en place par la plantation, la mine ou les camps de travail forcé. » (p. 126)

« Il y a la musique certes, mais c’est celle des fêtes secrètes, en marge de la plantation, dans quelque clairière au milieu de la forêt […],  mais l’amour [de la musique] n’y rien de commun avec les ballades courtoises des grandes maisons des planteurs, ni avec les bals aux lampions qui se tiennent à Port-Louis au moment même où les troupes anglaises et les miliciens des planteurs encerclent la bande d’esclaves révoltés de Ratsitatane. » (p. 126)

Les plantes citées dans le texte


Pandanus, joncs, arbre à pain, bois de fer, cocotier, banian, bambou, roseau, igname, taro rouge, fougère, palme, herbe, kava, manguier, lianes, broussailles, canne, thé, gingembre, fromager, cycas, feuilles, verdure, wipvacoaungan rava, hibiscus, kain bu, datura, bananier, laba, bois de santal, coton, canne à sucre, cacao, café, coprah, veloutiers, badamiers, calebasse, chou, giraumon, jacquier, anone, jamlongue, oranger, litchi, ambrevade, piment, ronces, Piper methysticum, coca, fougère arborescente, cycas, cannas, bois noir, bois de natte, multipliant, mangrove.

Le pandanus : famille des pandanaceae :

« Le pandanus est répandu naturellement en Australie, Micronésie, Mélanésie et Polynésie et est présent dans l’intégralité des îles de Polynésie française. » Il s’agit d’ « un arbuste qui peut atteindre 12 m de hauteur, et se distingue par ses racines échasses, son tronc épineux et ses feuilles dotées d’épines disposées en spirale de 2 m de longueur. » La fibre de pandanus sert à la fabrication de nombreux objets tressés à Raga, dont les voiles de pirogues et les nattes traditionnelles. Source : https://www.tahitiheritage.pf/fara-pandanus/

Le taro : famille des Aracées :

« Le taro ou Colocosia esculenta est une plante alimentaire de base dans l’ensemble du monde polynésien. Elle constitue même l’un des fondements de l’économie vivrière. Appartenant à la famille des aracées, le taro serait originaire de l’Indonésie équatoriale et serait considéré par les ethnobotanistes comme la plus ancienne des plantes domestiquées au monde. Elle serait issue d’une zone du monde dominée par un milieu tropical humide où se sont développées des  « civilisations du végétal »  fort anciennes, « les témoins d’un lointain passé que notre culte des céréales civilisatrices a fait ignorer ou mal comprendre » 2. L’ethnobotaniste Jacques Barrau fustigeait ainsi, en son temps, une forme d’ethnocentrisme qui a longtemps négligé le monde malayo-océanien au profit d’une focalisation sur un lien entre céréaliculture et civilisation comme on lierait civilisation et climat tempéré. » Source : http://monvr.pf/regard-du-chroniqueur-multimedia-le-taro-roi-des-racines/

L’igname : famille des Dioscoreaceae :

L’igname est originaire d’Asie du Sud-Est. Il s’agit d’un « légume largement cultivé dans toute la Polynésie. C’est l’une des plantes que les Polynésiens transportaient dans leurs pirogues lorsqu’ils allaient conquérir de nouvelles îles. »

Il s’agit d’« une plante alimentaire à grande valeur nutritive, en raison de sa richesse en glucides, en fibres et en minéraux dont on utilise uniquement les racines. […] Les tiges sont longues d’environ deux mètres et de section quadrangulaire. Chaque angle est muni d’une membrane crépue, rougeâtre, de telle façon que l’on a l’impression que la tige est ailée. Les feuilles sont en forme de cœur avec un sommet pointu. Elles sont vertes, lisses et nervurées. […] Le tubercule est gros, grisâtre extérieurement et blanc ou mauve à l’intérieur. Cru, il est visqueux et âcre, cuit il devient farineux. » Source : https://www.tahitiheritage.pf/ufi-igname-blanc-pourpre/

« L’igname est une plante de soleil. Elle aime les terres bien drainées, profondes et meubles où la racine peut se développer librement. Une saison sèche même accusée ne lui pose pas grand problèmes pour peu qu’il pleuve plus de 1500 millimètres d’eau par an. C’est donc une plante de rivage, à l’aise sur les bas versants, mais dont certaines variétés poussent sans difficulté jusqu’à 300 mètres d’altitude. Au Vanuatu, elles peuvent atteindre 500 mètres. L’igname bénéficie généralement d’une image forte. Aux yeux des Kanaks de Nouvelle-Calédonie, la forme longiligne du tubercule et sa préférence pour les milieux secs la rattachent au monde masculin, ce qui a des répercussions importantes dans le domaine de la magie (Leenhardt, 1930, 1937 et Barrau, 1965). » Source : Joël Bonnemaison, « Gens du taro et gens de l’igname », Mémoire de pierre, mémoire d’homme, Paris, Publications de la Sorbonne, pp. 309-404.

Le kava (Piper methysticum) : famille des Piperaceae :

« Le kava, Piper methysticum, a probablement été domestiqué au Vanuatu il y a plus de 3 000 ans. Il a été distribué, lors des migrations polynésiennes, sur toutes les îles hautes du Pacifique Sud. » Source : Patricia Siméoni, « Le kava du Pacifique : une culture traditionnelle comme culture de rente », Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 1999, vol. 41, nº 1, pp. 109-130. »

« C’est une plante buissonnante atteignant au plus 4 m de hauteur, plus souvent 2 m. Les feuilles sont orbiculaires-ovées à extrémité aiguë et base nettement cordée. Elles mesurent de. 10 à 20 cm. de longueur sur presque autant de largeur et sont glabres sauf une très fine pubescence sur les nervures dont les trois principales se prolongent jusqu’au sommet du limbe. […] à l’île de la Pentecôte, la racine écrasée avec des pierres sur un plateau de bois est ensuite légèrement humectée d’eau et pressée au-dessus d’un entonnoir primitif fait d’une demi-noix de coco percée et garnie d’un filtre de fibres végétales. Le liquide gris-verdâtre et épais qui s’écoule est recueilli dans un gobelet fait aussi d’une demi-noix de coco. Immédiatement après l’ingestion, on ressent un engourdissement de la langue, et du palais qui deviennent insensibles. » Source : Barrau Jacques, « A propos du Piper methysticum, Forster, « Journal d’agriculture tropicale et de botanique appliquée », vol. 4, n° 5-6, Mai-juin 1957. pp. 270-273. »

Le banian : famille des Moracées

« Le Banian polynésien est originaire de Polynésie. Il est reconnaissable par ses racines adventives qui descendent des branches de tous côtés, quelques-unes s’arrêtant à mi-chemin et d’autres allant jusqu’au sol pour y former de nouvelles bases à l’arbre, ce qui lui donne l’aspect d’une quantité de cordes tombant des branches. Il est présent dans quasiment toutes les îles hautes et aux Tuamotu seulement dans les atolls soulevés. » Source : https://www.tahitiheritage.pf/banian-tahitien-ora-tahiti/

Le santal (nom vernaculaire) : famille des Santalacées :

« Prisé pour son parfum doux, chaud et épicé, le bois de santal est exploité pour la fabrication de l’encens depuis le XIXe siècle. Désormais ressource forestière à préserver, il bénéficie de programmes de protection, notamment en République de Vanuatu […] » Source : http://www.fleuraustrale.fr/billets-exp%C3%A9-2011-2012/2262-bois-de-santal-de-l-exploitation-a-la-preservation.html

« La découverte de santal en Nouvelle-Calédonie (1841), denrée alors très recherchée par les Chinois notamment, donna lieu à des ruées qui furent comparables, à certains égards, aux ruées vers l’or. »         Source : Elsa Faugère, Les économies de l’échange en Nouvelle-Calédonie, Paris, Karthala, p. 130.

« Selon le spécialiste en agroforesterie, Jean-François Butaud, le santal était “généralement exploité avec l’aide des habitants en échange de pacotilles, métal, tissu, baleinières, alcool et armes. Ces échanges avec les santaliers furent ainsi synonymes du début de l’effondrement des valeurs traditionnelles dans de nombreuses îles du Pacifique”. » Source : http://www.tahiti-infos.com/Le-Santal-arbre-endemique-de-Polynesie-Francaise_a141709.html

Arbre à pain (jacquier) : famille des Moracées :

« Originaire de Nouvelle-Guinée il y a plus de 3 500 ans, le Uru (arbre à pain) a été diffusé dans tout le Pacifique lors des migrations polynésiennes et se rencontre dans la plupart des îles à proximité des zones habitées. Étant la base de la nourriture, des dizaines de variétés de ‘Uru ont été sélectionnées et reconnues à partir de la seule espèce : Artocarpus altilis. » Source : https://www.tahitiheritage.pf/uru-arbre-pain-tahiti/

« Le jaquier à feuilles découpées est le véritable arbre à pain, végétal que les voyages dans l’Océanie ont rendu si célèbre, et qui a été l’objet d’expéditions destinées uniquement à faire l’acquisition de quelques pieds de cet arbre précieux pour en doter les colonies anglaises de l’ancien et du Nouveau-Monde. » Source : http://www.futura-sciences.com/planete/definitions/botanique-arbre-pain-4554/

Lectures complémentaires sur les plantes citées dans le texte:


Joël Bonnemaison, « Gens du taro et gens de l’igname », Mémoire de pierre, mémoire d’homme, Paris, Publications de la Sorbonne, pp. 309-404. [En ligne] http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers09-03/010008137.pdf

Sébastien Larrue, « Du sens de l’arbre dans le paysage en Polynésie française », Géographie et culture, nº 62, 2008, pp. 113-130. https://gc.revues.org/2392

Partricia Siméoni, « Le kava du Pacifique : une culture traditionnelle comme culture de rente », Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, 41ᵉ année, bulletin n°1,1999, pp. 109-130. [En ligne] http://www.persee.fr/docAsPDF/jatba_0183-5173_1999_num_41_1_3704.pdf