Chapitre 6

L’art de la résistance

 

La circulation et la muséification de l’art du Vanuatu : (pp. 96-98)

« Sculptés dans le bois noir de la racine de fougère arborescente, debout sur le rivage, ou assemblés en demi-cercle dans une clairière, non loin des villages. / Des Loas, des esprits. […] Leur corps sont fendus de haut en bas, par une longue blessure qui montre l’intérieur rouge du tronc, pour laisser échapper leur voix. » (p. 96)

« Ambae, Ambrym, Épi, Éfaté, Raga, Tanna, Tongoa, Anatom. / Voix qui recousaient la déchirure du temps et reliaient ces îles aux terres lointaines, à l’Australie, aux Célèbres, aux Moluques, à la Malaisie, à Madagascar, à Andaman, à Taïwan, à Amami Oshima […] En exil dans les musées, quai Branly à Paris, au British Museum à Londres, au musée Léopold-II à Bruxelles, à Rome, à Madrid, à Berlin, à Washington, dans tous les bouts du monde. / Ils ne parleront plus. Leur bois noir, au ventre couleur de feu, se consume lentement dans quelque jardin poussiéreux, à Port-Vila, à côté d’une pirogue de haute mer et de masques en fibres. » (p. 97-98)

La délimitation des frontières de Raga : (pp. 98-103)

« Le peuple Apma a tracé ses frontières avec les gens de Raga, au nord, et avec ceux du pays Sa, au sud. Ils ont simplement déposé des brassées de palmes de cycas sur les chemins, pour montrer leur droit. » (p. 99)

« Un jour qu’il va chercher les racines du kava dans la forêt, [Tabsium] aperçoit sur le chemin, de l’autre côté de la barrière des cycas, une jeune fille arrêtée. […] Elle est de l’autre côté du chemin, dans le pays étranger. […] Il lui demande son nom dans sa langue, mais elle ne comprend pas, elle est du pays du Nord. […] Les semaines et les mois passe, et Tabsium ne peu oublier Lelé. […] À la fin, il n’y tient plus. […] Il traverse la frontière, et il marche vers le nord, à travers les collines et les ravins. » (p. 103)

La mémoire de Raga (pp. 104-113)

« Les île du Sud ont été non seulement le fourre-tout des rêves, mais le rendez-vous des prédateurs. Là où il existait, on coupait le bois santal. » (p. 106)

Divisé, morecelé, réparti entre les grandes puissances coloniales, le continent Pacifique devenait invisible. Un non-lieu, peuplé de sauvages naguère cannibales. Ou, ce qui revient au même, un Éden où tout était en abondance, les fleurs, les fruits, les femmes. » (p. 107)

Le paysage de Pangi : (pp. 113-114)

« La rivière Palimsi coule paisiblement au milieu des plantations de cocotierset des champs d’ignames. À l’embouchure […] se trouve Pangi, le plus gros village du sud-ouest de la Pentecôte. Du fait du mouillage de la baie Homo, et de la popularité du saut du Gol, c’est aussi la région la plus développée pour le tourisme » (p. 112)

« Pour décorer, on a planté de longues tiges fleuries, des cannas rouge vif, de grandes palmes. » (p. 114)


Prélude
Chapitre 1: Le « voyage sans retour »
Chapitre 2: Melsissi
Chapitre 3: « Blackbirds »
Chapitre 4: Taros, ignames, kavas
Chapitre 5: Dieu, dieux, ombres
Chapitre 6: L’art de la résistance
Chapitre 8: Îles
Les Plantes Citées Dans Le Texte