« Blackbirds »
Commentaire
Ce chapitre rend compte de l’impact sur les peuples du Vanuatu, ainsi que du reste du Pacifique, du développement de la culture du coton et de la canne à sucre dans la zone tropicale du continent australien. C’est en raison de la défaite des états esclavagistes du sud des États-Unis lors de la Guerre de Sécession que les blackbirders ont entrepris d’enlever des habitants des îles du Pacific et de les réduire en esclavage au Queensland, aux Fidji et en Nouvelle-Calédonie. L’ensemble donne à réfléchir quant à l’influence de la circulation des plantes au niveau international et dans un contexte colonial. L’introduction d’espèces étrangères telles que le cacao ou le café, et de techniques de production agricole symbolisent le bouleversement occasionné par la rencontre entre deux rapports tout à fait distincts à la terre, à la propriété, ainsi qu’au végétal.
L’hostilité des rivages et le blackbirding: (pp. 45-54)
« Le résultat est qu’à mesure que, la voie ouverte, les bateaux français, anglais, espagnols commencent à arriver dans le Pacifique Sud, les habitants des îles quittent les rivages et se réfugient vers l’intérieur des terres. Ceux qui persistent à rester sur leurs rivages doivent abandonner leurs villages et leurs récoltes dès qu’un voile est signalé à l’horizon. Bougainville, Cook sont étonné d’entrer dans des villages où les repas sont encore chauds, et les foyers encore allumés. » (p. 46)
« Le premier blackbirder officiel fut l’Australien Benjamin Boyd en 1847 […]. La conjoncture était favorable. Ayant épuisé les forêts de bois de santal et la pêche des holothuries et des tortues marines, entrepreneurs et armateurs trouvèrent de nouveaux débouchés dans l’achat et la revente d’êtres humains. » (p. 49)
« Paradoxalement, ce furent la campagne abolitionniste aux États-Unis et la guerre civile qui déclencha le trafique humain dans le Pacifique. Le prix du coton ayant décuplé par suite de l’effondrement des plantations dans les états esclavagistes du Sud des États-Unis, les Australiens en profitèrent pour développer la culture de cette fibre dans les zones tropicales de leur continent, dans le Queensland, autour de Brisbane. » (p. 49)
« Les habitants des Nouvelles-Hébrides, des Salomon ou des Gilbert étaient attirés sur les navires par des distributions de cadeaux, et kidnappés pour être revendus sur les plantations de coton ou de canne à sucre, au Queensland, aux Fidji ou dans les mines de nickel de la Nouvelle-Calédonie. » (p. 50)
Le paysage de la baie Homo à Pangi : (pp. 54-56)
« Et lorsqu’on lit les récits de voyage des ethnographes de la première moitié du XXe siècle, c’est cela qui frappe : l’enfermement des survivants, l’hostilité vis-à-vis des tentatives de colonisation et de l’introduction des techniques nouvelles ; culture du cacao ou du café, usines à coprah, ou simplement routes et plans cadastraux. » (p. 54)
« Je marche sur la plage de galets (débris coralliens et de lave mêlés) le long de la ligne sombre des arbres, veloutiers et badamiers comme à Maurice, et derrière eux les gigantesques banians. » (p. 55)
La visite de Sa Majesté à Pangi : (pp. 57-61)
« Un jour, les gens du village ont vu à l’horizon une grande voile […]. Alors ils se sont sauvé vers la montagne et ils se sont cachés dans la forêt, en attendant que le bateau reparte. Mais sur la plage, devant le village, ils avaient oublié un enfant, une petite fille de onze ans qui s’appelait Véveo, comme la palme avec laquelle les femmes tissent leurs nattes. » (p. 58)
« Quand ils ont abordé, les hommes ont fait comme à leur habitude, ils ont emporté les cochons et les poules, et les racines de taro et les ignames […] La petite fille Véveo est devenue leur prisonnière […] et ses parents ne l’ont plus jamais revue. » (p. 58)
Prélude
Chapitre 1: Le « voyage sans retour »
Chapitre 2: Melsissi
Chapitre 3: « Blackbirds »
Chapitre 4: Taros, ignames, kavas
Chapitre 5: Dieu, dieux, ombres
Chapitre 6: L’art de la résistance
Chapitre 8: Îles
Les Plantes Citées Dans Le Texte