Chapitre 1

Le « voyage sans retour »



L’arrivée des premiers habitants de Raga : (pp. 15-26)

Commentaire :

Dans cette scène d’ouverture, Le Clézio met en évidence le rôle essentiel qu’ont joué les végétaux endémiques des îles du Pacifique dans les voyages océaniques qui ont permis de peupler l’archipel du Vanuatu. Le bois du banian et celui de l’arbre à pain servent à la construction de pirogues, les fibres de pandanus permettent la confection de voiles, tandis que le cocotier, le bambou et les cannes de roseau stabilisent le radeau et protègent les passagers de l’humidité. Ce sont ainsi les végétaux des îles du Pacifique qui permettent en grande partie la circulation des peuples. Ce passage illustre par ailleurs comment ces mouvements migratoires ont donné lieu à l’implantation des espèces alimentaires à la base du régime de tout l’archipel, soit le taro et l’igname, que l’on retrouve aujourd’hui dans tout le Pacifique. Le passage final permet également de souligner la fonction de monnaie d’échange qu’accomplissent les nattes de pandanus tissées par les femmes des îles du Pacifique, alors qu’elles sont données en cadeau par les nouveaux arrivants avant de prendre possession de la terre. Comme il l’est d’ailleurs partiellement esquissé vers la fin du chapitre, il ne s’agit pas d’une prise de possession au sens propre aux yeux des premiers habitants de Raga, mais plutôt d’un accord spirituel passé avec leurs ancêtres.

« La pirogue est un très long tronc d’arbre à pain évidé à l’herminette (l’adzedes archéologues, une pierre polie insérée dans un manche en “bois de fer” ». (p. 15)

« […] flotteur en bois de cocotier ». (p. 15)

« […] trois longues branches de banian ». (p. 15)

« […] planches en bambou ». (p. 15)

« […] un mât en bois de banian ». (p. 15)

« […] voile en fibre de pandanus ». (p. 15)

« […] verge en bambou ». (p. 15)

« […] les petites cannes de roseau qui protègent les passagers de l’humidité ». (p. 16)

« la vielle Mantawa leur a donné à manger, de la pâte d’igname dans une écuelle ». (p. 17)

« il voit la racine du taro rouge, trois étoiles serrées autour d’Ana-mua, la géante du devant, et, plongeant parfois dans la mer […] ». (p. 21-22)

« Elle pense aux champs qu’elle ensemencera, au taro et à l’igname qu’elle enfouira dans la terre, et qui se multiplieront pour lui donner à manger. » (p. 23)

« Ce soir même ils toucheront la première terre, ils offriront aux émissaires de Mata les cadeaux qu’ils apportent […] les nattes tissées par les femmes […] ils prendront possession des champs en défrichant la forêt, ils prieront les esprits du lieu de les accepter sur leurs terres […], ils construiront la première maison avec branches et des palmes ». (p. 25-26)

« Raga sera pareille à un long corps noir couché sur la mer. Raga la silencieuse aux pentes couvertes de fougères et d’arbres, Raga la muraille de lave aux sommets cachés par les nuages. ». (p. 26)

« L’endroit où ils s’arrêteront porte déjà un nom, laissé par les légendes. Un nom qui bruisse et qui résonne comme le vent, comme la voix des feuilles et le murmure de l’eau froide de la rivière qui coule à leurs pieds. / Ce nom est Melsissi ». (p. 26)
Prélude
Chapitre 1: Le « voyage sans retour »
Chapitre 2: Melsissi
Chapitre 3: « Blackbirds »
Chapitre 4: Taros, ignames, kavas
Chapitre 5: Dieu, dieux, ombres
Chapitre 6: L’art de la résistance
Chapitre 8: Îles
Les Plantes Citées Dans Le Texte